Le terme de délinquant provient étymologiquement du terme latin de relinquere signifiant
laisser, lâcher, rompre. Cela signifie par conséquent aussi ne pas faire, s'abstenir, ne pas
s'investir ou ne pas prendre pour soi. On retrouve sémantiquement les termes de relique (ce qui
reste au délà de la disparition formelle), de reliquat ou de dette persistante, de déréliction ou
d'état d'abandon. (Cfr Jean KINABLE, Le sens de la délinquance. In " Acteur social et
Délinquance ". P Mardaga Editeur, pp 380 – 382.)
Ce terme de délit présente un lien sémantique avec celui de deuil signifiant la capacité à rompre
avec ce qui se dérobe, à abandonner ce qui manque ou à laisser ce qui doit se perdre. L'idée de
délit est par conséquent aussi celle de la persistance d'un manque en souffrance, d'une
problématique d'abandonnisme, d'une faute par abstention ou du fait de faire défaut et de faillir.
Le mot de "délinquant" conjugue donc les notions de faire défaut et d'être en faute. Ainsi que
cela ressort par exemple de l'expertise, le délinqu
ant fut initialement l'objet ou le patient (celui
qui patit) d'un défaut subi par exemple de soins, d'affection, de bien-être matériel... En
commettant son acte délictueux, il devient ensuite l'agent et le sujet d'une activité qui le met en
défaut en regard des attentes extérieures et de la loi, qui témoigne de ce qu'il est incapable par
conséquent d'effectuer un travail de deuil.
Ainsi, le voleur se montre incapable accéder à la dialectique de l'échange et du désir. Il se refuse
à demander et à s'engager dans un rapport le liant à autrui. En cela, il se soustrait à une loi de
propriété impliquant d'être reconnu comme légitime possesseur. Il y a donc là le refus de la mise
à distance permettant la réciprocité. Par conséquent aussi, on voit s'illustrer l'incapacité à faire
son deuil la jouissance fusionnelle ou primale, à accepter la nécessité d'accès à un ordre
symbolique qu'est la loi dans sa verbalisation. De l'acte même du vol ressort donc le fait de
l'économie d'un deuil du "tout tout de suite" et l'absence de modifications du moi.
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